Il a parfois du mal à réaliser, a comprendre, il a parfois du mal à accepter. Accepter que c’est foutu, qu’ils ont tout foutu en l’air. Oui, il a parfois du mal à me dire que ça y est :
Il reviendra plus. Jusqu’à ce soir il avait espéré, bêtement, que les choses puissent changer, il avait espéré que Franklin ouvre les yeux, accepte, comprenne, ait l’audace d’affronter ça avec lui. Parce qu’ils se l’étaient toujours promis, parce que c’était eux. Eux contre le reste du monde. Eux du début à la fin.
T’es plus là. C’est ce que cette main lui fait réaliser chaque fois qu’il fouille ses draps à la recherche de la présence rassurante de Franklin.
Tu me fuis. C’est que les sonneries de téléphones, longues, piquantes, douloureuses, lui font comprendre alors qu’il reste suspendu au bout du fil, le souffle court. In Su en a connu des peines des cœurs, des amours déchus, des déceptions, de la jalousie et même un brin de poudre malsaine qui l’aveuglait et le rendait dangereux. Mais jamais … Non jamais il n’a connu de douleur aussi vive. Jamais il n’a eu autant envie de crever que ce soir. Mais il est trop lâche. Trop lâche pour disparaitre, trop lâche pour mettre à sa vie …
parce que ça signifierait te quitter éternellement Franklin. Et ça il en était incapable. L’enfer serait plus délicieux que de passer l’éternité sans lui. L’amour l’amitié, tout s’entremêle dans son esprit, et il réalise que ce n’est pas qu’une question de sentiments, et il réalise que c’est pas juste une question de tabou, d’audace et de peur, oh non, In Su vient de comprendre que c’est sa vie sans lui à présent. Il vient de comprendre que c’est fini. Cette fin acide et tortueuse qui vous plonge dans la mélancolie de vos souvenirs jusqu’à vous pourrir et vous rendre aigri, acerbe de sentiments à vous en donner la nausée. Ce sont les souvenirs qui vous assaillent, comme des coups de couteaux qui vous transpercent le cœur. Et ça vous coupe le souffle. Ça vous met à genoux. Pathétiquement achevé. Vous ne pouvez rien faire d’autre que gémir, pleurer, crier son nom qui aura toujours un goût spéciale sur votre bouche. Et l’avenir ? L’avenir n’existe même plus. On ne voit rien. Ni le lendemain, ni le présent. Plongé dans le noir on se laisse couler puisque de toute façon
plus rien n’a d’importance. Et la hargne vous habite, l’horreur, la colère, la haine. Vous avez envie de crier au monde entier votre douleur mais vous la taisez par pudeur. Cette frustration qui boue dans le creux de votre ventre, ce secret que vous gardez vous tue. La solitude ne lui pèse pas, la terre entière pour seule compagnie, In Su ne voudrait que lui. Ses mains qui s’agrippent à son haut lui font peur.
Ne me repousse pas putain. Lui crie son regard paniqué. Ses lèvres le cherchent déjà, son souffle se perde déjà. Il ne veut que lui … il n’a toujours voulu que lui mais la vérité est parfois longue à comprendre. Leur corps se pressent, leur lèvres se scellent, qui pourraient les séparer à cet instant. Perdu au milieu de l’inconnu, ce parking comme seul abris. Loin des autres, loin des regards. Loin des peurs. Le cœur d’In Su lâche et un gémissement douloureux s’échappent de ses lèvres quand il sent que Franklin le tire à lui.
Il l’embrasse. Sans pudeur. Sans peur. Sans rancœur. Il l’embrasse et sa langue joue avec la sienne dans une danse frénétique et délicieusement interdite. La culpabilité n’a pas la place dans cet échange. Trop de sentiments. Trop d’émotions qui les mettent à genoux. C’est fugace mais c’est réel. In Su sait qu’il n’a pas rêvé, cette fois-ci c’est vrai, parce qu’il peut sentir le corps chaud de Franklin contre le sien. Et ses lèvres … ses lèvres qu’il a si souvent goûtées ont un goût différent ce soir.
Ramène moi à la maison … A-t-il envie de lui supplier, mais il n’en fait rien, il n’en a pas le temps. Le poing de Franklin s’abat lourdement sur sa mâchoire qu’il entend craquer. Il chute lourdement au sol parce qu’il n’a plus la force de se retenir. Ça fait mal … mais la douleur physique n’est que douceur. In Su a le souffle court et il ferme les yeux, ignorant les cris de Franklin, ne repensant qu’à ce baiser. Sa passion et sa douceur. Il souffle, ferme les yeux pour s’échapper de cette réalité amère.
Fini. tout est fini. il roule sur le dos avant de se mettre à rire douloureuse, ses dents rougies par le sang qu’il ne sent même pas couler dans sa bouche. Il renifle, le regard levé vers Franklin, il voudrait que l’asphalte puisse l’engloutir. Le faire disparaitre. Il fixe son meilleur ami, son frère, son amant, son tout, d’un regard peint de tristesse. Il ne la cache plus, à quoi bon. Il a envie d’hurler, d’hurler sa douleur mais il se contente de rire, laissant cette larme brûlante s’écraser sur le coin de ses lèvres.
La mort serait une plus douce délivrance à devoir affronter ce regard rempli de dégoût qu’est le tien Franklin. In Su le fixe sans un mot. Les lèvres perdant son sourire fou.
On pourrait être heureux a-t-il envie de lui dire … mais ses lèvres sont incapable de bouger. Le silence tombe de plomb autour d’eux … il mordille sa lèvre, raclant le goût de Franklin pour ne pas le laisser s’échapper. Il meurtrit ses lèvres à la recherche de cet homme qu’il aime à en crever, maintenant il sait, il l’aime d’amour. De ce genre d’amour interdit qui vous donne envie de haïr le monde. Mais ce qu’il déteste le plus c’est de voir son meilleur, son tout, céder à cette tentation et l’achever à coup de poing. «
Alors tue-moi. » lui répond-t-il simplement, son regard ancré au sien.
« Tue moi parce que je recommencerais, parce que j’en ai envie ... autant que toi. » In Su se relève. L’idiot qui refuse de terminer ainsi. L’idiot qui refuse de tout lâcher. Il se relève, titube et tente de se tenir droit, comme si ça ferait la différence … Il fixe ses lèvres, à lui, son obsession, il les fixe et crève d’envie de se jeter dessus. «
Tu peux me frapper Franklin, ça changera rien. Ni à la fureur qui te fait crever, ni à l’envie que t’as de m’embrasser, ni à ta colère de pas savoir lutter contre ça … » Parce que
tu sais … j’ai un train d’avance sur toi. Mais il se dit qu’il a eu les couilles de l’accepter lui, qu’il est surement le plus courageux des deux. Quitte à tout perdre, autant vivre sans regret. Il se rapproche, trébuche, tombe à genoux devant lui sans se retenir. Ses mains au sol s’empoisonnent de la poussière, ses mains de traite fouillent le goudron pour trouver le courage de se tenir droit. Il s’avance, d’un pauvre pas pathétique, rendant sa silhouette cassée et malmenée. Son corps va bien, mais son cœur lui brûle. Il s’accroche brusquement aux hanches de franklin pour ne pas sombrer et son visage il le relève vers lui. Soumis. Pathétique. «
Ne lutte pas cont… » Il n’a pas le temps de finir sa phrase. Il ne sait pas trop si c’est parce qu’il l’a brusqué, si c’est son regard qui lui était insupportable mais le coup est partie avant que In Su ne le remarque. Ne le comprenne. Ça lui coupe le souffle, mais il ne chutera pas au sol. Pas cette fois. Sa tête cogne mais qu’importe, il serre le poing, incapable de supporter la réaction de son meilleur ami. Il souffle, crache son sang au sol.
Tu préfères me voir crever que d’affronter ce que tu ressens ? Ça fait mal. Oui, jamais il n’aurait cru que ça puisse faire aussi mal. Les amants maudits. In Su se relève et qu’importe qu’il soit plus petit que lui, il ne faillit pas. Il se saisit de son col et parce que sa rage cède son poing s’abat sur la joue du flic. Lui écrasant la pommette douloureusement. «
TU PREFERES ME FAIRE CREVER QUE DACCEPTER TES SENTIMENTS ? HEIN SALE CHIEN ! SALE BATARD ! » Si on lui avait dit un jour que Franklin signerait son arrêt de mort... Il a envie de lui dire d’aller se faire voir, de dégager, de disparaitre, mais il aurait bien trop peur que Franklin le prenne aux pieds de la lettre et le fasse. In Su se jette sur lui et leurs corps roulent sur le capot. C’est étrange …
cette addiction. Celle d’aimer dans la haine. Celle d’aimer dans la douleur. C’est étrange de se battre, dans le seul but de pouvoir sentir son corps contre le sien. Et de haïr, haïr si fort cette envie, ce besoin douloureux de l’avoir dans ses bras. «
Tue-moi. » lui crache In Su alors qu’il tire brusquement sur la nuque de Franklin pour l’attirer à lui.
Tue moi parce que je ne cesserais jamais de t’aimer. Ses lèvres pourraient frôler la sienne mais il n’en fait rien. Une menace. Une supplique …
Tue moi …✻✻✻ CODES © LITTLE WOLF.
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Sam 27 Fév - 16:45
